Facilitatrice des clauses sociales, le point de départ de l’insertion réussie.

Malgré la crise, les établissements CANCÉ maintiennent leurs engagements en matière d’insertion. Les résultats sont tangibles (voir article de parcours d’insertion) et ne peuvent s’arrêter sous prétexte de la crise, au contraire. Face à cette dynamique, c’est l’occasion de poursuivre la mise en valeur des partenaires qui permettent à l’entreprise de trouver le bon équilibre entre activité économique et responsabilité sociétale.

 

Concernant l’insertion de publics éloignés de l’emploi, les maîtres d’ouvrages ont à leur disposition le levier des clauses sociales. Pour l’activer sur un marché public ou privé, la personne clé est le facilitateur. Focus sur ce rôle indispensable, et la collaboration positive que le DRH des établissements CANCÉ, Patrick Grand, a développé avec la facilitatrice du secteur de Pau, Fanny Tejeiro.

 

Clauses sociales secteurs d'activité

 

Sur le papier, l’apparition d’une clause sociale sur un marché public peut s’avérer contraignante. L’observatoire BTP de l’insertion Île-de-France le note dans son mémo 2018 : « une mauvaise définition de la clause sociale d’un marché peut, in fine, être lourde de conséquences au moment de l’exécution du marché ». Peut-être cela explique-t-il le taux encore faible de marchés clausés, avec seulement 10,2% des marché publics en 2018.[1]

 

Pour Fanny Tejeiro c’est indéniablement l’aspect initial et crucial du dispositif« Pour lancer une clause, je m’assure de certaines conditions en discutant avec les techniciens en charge du dossier : le volume d’heures, la technicité et le type de public éligible ». Pour la facilitatrice de Pau, son quotidien est en parfaite cohérence avec l’intitulé de sa fonction : facilitatrice de la mise en œuvre d’une clause« Le dispositif est là pour redonner confiance à des chômeurs de longue durée, des bénéficiaires d’allocations, des jeunes de moins de 26 ans ou des demandeurs d’emploi sénior… il est donc important de bien vérifier la faisabilité de la clause ».Fanny rappelle qu’elle agit dans le cadre du développement durable et souhaite à tout prix que la clause se traduise en bénéfice, « un pied à l’étrier » pour déboucher vers l’emploi.

 

Rôle de la facilitatrice de clauses sociales

 

Pour cela elle rappelle que la clause « ne doit pas être un frein pour l’entreprise ». Sa connaissance du terrain lui permet, dès la rédaction de la clause, d’orienter le maître d’ouvrage, voire de renoncer à des situations trop spécifiques, comme le désamiantage ou le secteur des ascenseurs. Par ailleurs, elle veille au bénéfice du public éligible en renonçant à l’élaboration de clauses inférieures à 35 heures. « Une entreprise doit mettre en place un accompagnement, en deçà d’une semaine cela n’a pas de sens ».

 

Pou Fanny être facilitatrice c’est comprendre et appréhender la réalité de tout un écosystème qui intègre les maîtres d’ouvrage, les entreprises, les publics éligibles et leurs prescripteurs, ainsi que les structures d’insertion. « J’occupe un rôle central même si malheureusement je ne vois pas directement le public concerné. Par contre j’ai les tenants et les aboutissants de chaque clause ».

 

En 2019, fanny a accompagné sur son secteur 80 opérations clausées. Le BTP représente la majorité avec 76% des marchés, suivi par le nettoyage 9%, le relai 9% et le reste sur des prestations intellectuelles. Cela a représenté un « premier pas vers l’emploi » pour 357 personnes dont Julie, Guy et Zidina chez Cancé (voir article parcours d’insertion).

 

Avec CANCÉ, l’écosystème est dynamique car le DRH, Patrick Grand, partage complètement la logique de Fanny. « Il s’est emparé du dispositif et l’a intégré comme un outil supplémentaire de recrutement. Du coup il est exigeant car le public concerné doit passer le plus souvent par de la formation. Il lui faut donc beaucoup d’heures, c’est pour cela nous pratiquons la globalisation à partir de plusieurs clauses ».

 

Au centre du dispositif depuis 10 ans, Fanny cherche toujours la meilleure modalité pour l’exécution de la clause. Pour l’année 2020, fortement perturbée, elle a permis à des entreprises d’accumuler et de décaler l’exécution des heures. « Finalement j’observe peu de frein à la clause, même si beaucoup plus d’opérations pourraient être clausées. J’invite les maîtres d’ouvrage à se rapprocher des facilitateurs et facilitatrices, et pas seulement du bâtiment, pour évaluer la pertinence d’une clause, car le dispositif a évolué depuis sa création en 2006. »

 

Clauses d'insertion mise en oeuvre

 

La crise actuelle créée de fortes tensions sur l’activité des entreprises, et les établissements CANCÉ n’y échappent pas. La diminution des appels d’offres, -33% pour le BTP en Île-de-France à fin décembre 2020, génère mécaniquement une diminution des clauses, et donc des heures d’insertion. « Il reste de la marge dans d’autres secteurs, comme la maîtrise d’œuvre avec l’insertion de profils différent du manœuvre ou de l’agent de nettoyage. Avec l’espoir de voir plus de parcours de femmes comme celui de Julie chez CANCÉ. »

 

Dans le 64, Fanny et ses collègues sont prêtes à s’adapter pour construire, malgré la crise, toujours plus de clauses d’insertion de qualité. C’est aussi le souhait de l’Observatoire BTP de l’insertion sociale en Île-de-France [2] [3] qui inscrit son rôle dans une relation gagnant-gagnant entre les entreprises et les maîtres d’ouvrage. Malgré des réalités très différentes, l’Île-de-France et les Pyrénées-Atlantiques partagent une démarche commune. « Le graal c’est le contrat de travail à l’issue des heures d’insertion » rappelle Fanny. Seulement 10% des bénéficiaires de son secteur en 2019 ont obtenu un CDD ou un CDI. Améliorer cet indicateur dans un contexte de crise est un défi. Pour CANCÉ, « plusieurs leviers ont démontré leur efficacité : la globalisation des heures, la souplesse territoriale, l’harmonisation des pratiques » rappelle Patrick Grand. « Nul doute que notre degré d’implication est en grande partie lié à des facilitatrices comme Fanny. Elles sont essentielles dans l’émergence de nouveaux parcours d’insertion, notamment durant cette période de crise où la visibilité de notre activité est devenue très complexe », conclut le DRH établissements CANCÉ.

 

©Illustrations Fanny Tejeiro – Clauses Sociales guide pratique 64

 

[1] Chiffre juillet 2019 donné par l’Observatoire économique de la commande publique

[2] Voir page 16 du rapport d’activité annuel sur la période 2019/2020 de la FRTP Île-de-France

[3] Mode d’emploi des clauses sociales de l’Observatoire BTP de l’insertion sociale en Île-de-France